And We're Still Together

Les enfers étaient inchangés. Lorsque Hadès les contemplait, c'était comme si le temps ne s'était pas écoulé. Le Styx s'écoulait le long des Champs Elysées, des Plaines d'Asphodèles, et du Tartare ; dans sa lente descente étaient emportée les songes du roi infernal toujours inquiet, toujours sur ses gardes. Depuis la Grande Descente, les allées et venues entre la Terre et les Enfers n'étaient autorisées qu'aux déesses et dieux désignés, mais depuis la Grande Descente, la plupart préféraient vivre à la surface. Hadès lui-même avait établi sa maison sur l'île de Néa, la nouvelle Olympe. Des siècles que lui et Perséphone subissaient la décision de Zeus de les séparer malgré leurs désirs mutuels de se marier, pour cause la possessivité d'une mère, sa sœur, à l'égard de sa fille qu'elle voulait cacher aux yeux du monde. C'était la première fois qu'Hadès avait désobéit à l'autorité de son frère, la seconde fois, c'était cette fois là, la fois qui précipita la chute. Il connaissait ses fautes, il avait conscience des conséquences de ses actes, et de ses responsabilités. C'était la raison pour laquelle il avait invité Perséphone à rejoindre les autres dieux sur Néa, avec Mélinoé. Perséphone devait être libre de vivre auprès de lui, son époux, et de rendre visite à sa mère Déméter lorsqu'elle en avait envie. Mélinoé ne pouvait pas grandir uniquement aux Enfers, bien que sa nature l'y rattachait indéniablement, avoir la possibilité de s'épanouir parmi les Olympiens, sans être condamnée comme lui l'était était la chose importante à ses yeux. Perséphone et Mélinoé pouvaient vivre une vie paisible sur Néa, Hadès avait pensé à elles en prenant cette décision.
Mais le devoir continuait de l'appeler dans le royaume souterrain car même si l'Olympe n'était plus, les Enfers étaient toujours à veiller. Les âmes continuaient d'affluer devant les trois juges Radamanthe, Minos et Eaque, Cerbère était encore le gardien des portes, Charon voguait sur le Styx, et toutes les terribles créatures qui habitaient cet endroit infernal vivaient comme si la chute de l'Olympe n'avait pas été. Les vies avaient changé mais la mort restait toujours la même.

La terre se mit à trembler, l'eau de la mer remuait dans un grondement quand, entre les rochers, s'ouvrit une brèche à l'intérieur de laquelle une galerie et des escaliers s'enfonçaient dans les profondeurs. La silhouette d'Hadès qui prit les traits d'Andreas Markis, se vieillissant de quelques années, sorti des entrailles de la terre. Derrière lui, les rochers se rétablirent dans le position naturelle dans le même grondement. Une voiture était garée sur le bord de la route qui longeait la rive de l'île. Le temps était clair, les mouettes perturbée par le tremblement de la terre s'étaient tues, on entendait à peine les vagues rouler sur la plage en contre bas. La voiture démarra dans un ronronnement de moteur et s'éloigna sur la route.

On remarquait toujours la maison Markis dans le quartier de Lyra's Place. Le jardin que l'on pouvait entrevoir depuis la route que l'ont empruntait pour se rendre à l'entrée resplendissait de fleurs, plantes et petits arbres en tout genre que Perséphone faisait pousser. Mais Hadès ne su si sa femme était présente ou non, peut-être était-elle cachée entre les feuilles, occupée à prendre soin du jardin. Là ou non, il ne voulu pas l'interrompe lorsqu'il passa la porte d'entrée qui claqua simplement dans son dos sans être accompagnée par Hadès d'un appel ou d'une salutation pour annoncer sa présence. Fenêtre ouvertes, Perséphone devait bien être là mais il ne la dérangea pas et prit place dans le salon. Mélinoé aussi devait être absente. Hadès recommença à penser lorsque de longs bras fins vinrent s'enrouler avec douceur autour de son cou. Dans cette élan de caresse, Perséphone déposa un baiser tendre sur sa tempe. Hadès esquissa un sourire au coin de ses lèvres, son corps alors contracté et dur se détendit.
« Tu es rentré plus tôt du casino ! fit-elle remarquer. Tu avais hâte de partir de là-bas où bien je te manquais ? ».
En déposant sa main sur son bras, Hadès tourna la tête dans sa direction.
« Tu finis toujours par me manquer Perséphone. » dit-il sans lâcher son sourire de ses lèvres. Mais je n'étais pas au casino, je reviens des Enfers. » expliqua-t-il. Il tira doucement sur le bras de Perséphone pour l'amener près de lui, et être capable de croiser son regard.
« Tout va bien là-bas. Pour le moment. »
Son regard qui se détourna de son épouse trahi au fond une inquiétude qui n'était pas nouvelle. Chaque jour passé sans rien à signaler aux Enfers ou ailleurs dans le monde des dieux était à la fois un soulagement et une angoisse. 

@Emilia Markis
 

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And We're Still Together

Son étreinte chaleureuse, son parfum fleuri et la contact de son corps contre le sien étaient toujours au cœur d'Hadès, des sensations réconfortantes. On racontait d'ignobles choses sur les enfers, habités par les dieux et créatures nées du Chaos, qu'il renfermait les pires monstruosités de l'univers, c'était un endroit effrayant où les Titans aussi, ceux contre qui les Olympiens guidés par Zeus se rebellèrent, y étaient enfermé. Les enfers, le royaume des morts, cette mort fatale que tous cherchaient à oublier, à éviter. Le maître des lieux lui-même attisait l'effroi, mais ces terres aussi terribles fussent-elles, étaient sa maison, et Hadès avait appris à apprivoiser chaque être, chaque lieu ; pour le roi du monde oublié – ou que l'on feignait d'oublier car il demeurait dans le fond de l'âme comme un poison – le véritable enfer était dans son cœur vide de sens sans un amour pour l'accompagner.
L'amour qui avait choisi de le suivre malgré les rumeurs et les on-dits, qui l'avait suivi dans son royaume désolé aux yeux de tous parce qu'elle l'aimait et qu'elle comprenait au-delà des apparences, après tous ces siècles, était toujours là, à ses côtés. Ses yeux toujours étincelants, sa merveilleuse chevelure rousse, unique, Perséphone était toujours aussi resplendissante. Jusqu'à son arrivée, elle travaillait au jardin, auprès des plantes qui étaient comme ses enfants. Grâce à elle, les Champs Élysées avaient pris des couleurs qui n'avaient encore jamais été vues là-bas, devenait les plus belle terre que les mortels aient pu voir. Peu d'hommes et de femmes, après leur mort, allaient aux champs Élysées, mais Perséphone s'occupait toujours avec diligence de ces terres dont il lui avait conféré la responsabilité. Alors bien entendu, si Perséphone demandait à se rendre aux Enfers, et même sans son autorisation, elle pouvait s'y rendre comme bon le lui semblait.
« Bien sûr, si tu le souhaites, nous irons ensembles la prochaine fois. Et tu sais que tu fais comme tu veux, tu es la reine des Enfers, après tout. » sourit-il. Reine qui n'était pas qu'une façade, qu'une apparence agréable pour accompagner le repoussant roi.
Si Hadès avait voulu une femme à ses côtés, ce n'était pas que pour consoler son cœur vide, mais c'était aussi pour partager avec elle ces lieux aux beautés insoupçonnées, celles qu'on ne voyait que lorsque l'on se laissait aller à soi pour changer de regard sur un monde aux premières apparences froides et glauques. À Perséphone, il avait confié de véritables responsabilités ; chaque créatures, chaque dieu qui demeurait aux Enfers devaient aussi répondre de son autorité. Et Hadès le savait, gare à ceux qui se jouaient d'elle.
Cette stabilité d’antan déchue par la destruction de l'Olympe et la descente sur Néa. Hadès ne regrettait rien de ce qu'il avait fait. Cette fois là, les choses étaient allées trop loin, il n'avait pu garder son sang froid. Pour meilleur, mais un meilleur qui durerait encore combien de temps ? Hadès s'était rendu compte qu'il avait vécu des millénaires sans se plaindre dans l'ombre d'un frère égoïste et cruel, et des siècles à être puni d'avoir aimé. Les vieilles rancœurs qui languissaient son cœur, qu'il taisait car l'essentiel résidait dans l'équilibre du monde et des enfers, s'étaient révélées malgré lui.
« Aujourd'hui, comme chaque jours, les enfers étaient calmes. Mais je me demande combien de temps tout cela durera encore ? »
À peine un millénaire s'était écoulé, et cette vie sur Néa ne lui plaisait pas, Hadès préférait toujours les enfers à la vie sur terre. Les choses ne pouvaient durer ainsi sans que quelque chose n'éclate tôt ou tard.
« Je sais qu'on a déjà eu cette conversation maintes fois, pardonne-moi si tu penses que je me fais du sang pour rien. Mais, je redoute toujours que quelque chose n'arrive et trouble l'ordre du monde. »

@Emilia Markis
 

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